Pourquoi le snowboard est un allié précieux pour progresser en surf
Lorsque je parle de progression en surf, on me demande souvent quel sport complémentaire je recommande pour garder la forme et le “feeling” de la vague en dehors de la saison. Pour moi, le snowboard arrive clairement en tête. La glisse sur neige et la glisse sur vague partagent bien plus qu’une simple planche : sensations, posture, gestion de la vitesse, engagement du corps… tout est lié. En travaillant vos techniques de snowboard, vous pouvez réellement booster votre niveau de surf, surtout si vous vivez loin de l’océan ou que vous avez une saison de surf limitée.
Dans cet article, je partage ce que j’ai observé sur mon propre surf après plusieurs hivers passés à rider en snowboard, mais aussi ce que je vois chez d’autres riders qui combinent les deux disciplines. Mon objectif est de vous donner des pistes concrètes de travail, des techniques croisées et des idées d’entraînement hors-saison pour utiliser le snowboard comme un véritable laboratoire de progression pour le surf.
Similarités techniques entre surf et snowboard : un langage commun de la glisse
Quand je passe de la neige à l’océan, je retrouve immédiatement des repères communs. Le surf et le snowboard ont un langage corporel similaire, et c’est en comprenant ces points communs que l’on peut vraiment tirer profit du snowboard pour progresser en surf.
Voici quelques éléments techniques que je retrouve dans les deux sports :
- Position de base : flexion des genoux, buste légèrement avancé, bras détendus, regard loin devant. La “stance” en snowboard est une excellente répétition de la position de surf.
- Répartition des appuis : gérer le poids entre pied avant et pied arrière, selon que je veux accélérer, freiner, tourner court ou allonger ma courbe.
- Utilisation des carres / rails : en snowboard, j’apprends à engager la carre pour tailler une courbe propre. En surf, c’est le rail de la planche qui joue exactement ce rôle.
- Rotation du haut du corps : dans les deux cas, c’est le regard et les épaules qui initient le virage, pas simplement les pieds.
- Gestion de la vitesse : savoir pomper, laisser filer la planche, contrôler la trajectoire plutôt que freiner en permanence.
En prenant conscience de ces similarités, chaque journée de snowboard devient une session d’entraînement surf déguisée. Et honnêtement, c’est bien plus motivant que de faire uniquement du renforcement dans une salle de sport.
Travailler les courbes et les carves en snowboard pour améliorer ses turns en surf
Ce que je trouve le plus intéressant dans le snowboard pour progresser en surf, c’est le travail sur les courbes. Le carving en snowboard est un outil incroyable pour améliorer la qualité de ses bottom turns et top turns en surf.
En snowboard, sur piste, je peux répéter des dizaines de fois les mêmes mouvements dans une seule descente :
- entrer en courbe progressivement,
- sentir la carre accrocher la neige,
- charger le virage avec les jambes,
- laisser la planche accélérer en sortie de courbe.
Ce qui est précieux, c’est la répétition. En surf, chaque vague est différente, et il est plus difficile de travailler un geste spécifique encore et encore. Sur neige, la surface est plus stable, la pente est régulière, et je peux véritablement “programmer” mon run pour travailler une compétence : par exemple viser un enchaînement de grands virages façon bottom – top turn, puis des virages plus courts pour simuler des manœuvres serrées dans le pocket de la vague.
Je transpose ensuite ces sensations dans l’eau : l’idée d’engager franchement le rail, de garder la pression dans les jambes, de laisser la planche travailler sans me crisper. Le surf devient plus fluide, plus dessiné, moins saccadé.
Apprendre à utiliser le rail : de la carre de snowboard au rail de surf
Si je devais résumer un des plus grands apports du snowboard au surf, ce serait l’éducation du pied arrière et la maîtrise de l’engagement du rail. Beaucoup de surfeurs intermédiaires ont tendance à tourner principalement avec le haut du corps et à “faire pivoter” la planche sans vraiment utiliser le rail. Le snowboard corrige vite cette habitude.
En snowboard, dès que je ride un peu plus vite ou sur une neige plus dure, si je ne mets pas la carre, je dérape. Pour garder le contrôle, je dois :
- appuyer progressivement sur les carres,
- sentir le contact neige / carre à travers les pieds,
- garder les genoux souples pour absorber les vibrations,
- rester engagé dans le virage sans me redresser trop tôt.
Cette sensation de “mordre” dans la neige, je la recherche ensuite en surf : engager le rail dans la face de la vague, surtout sur le bottom turn, prendre confiance dans la prise de carre au lieu de rester à plat sur la planche. À terme, cela permet de faire des manœuvres plus puissantes, plus précises, et de mieux exploiter la partie critique de la vague.
Snowboard freeride et surf : lecture de terrain et engagement
Au-delà de la technique pure, je trouve que le snowboard freeride est un excellent complément pour le surf, notamment pour tout ce qui touche à la lecture du terrain et à la prise de décision rapide.
En hors-piste, je dois analyser :
- la pente et son orientation,
- la qualité de la neige,
- les obstacles potentiels (barres rocheuses, arbres, goulottes),
- les risques (avalanches, plaques, changements de relief).
Sur une vague, c’est le même réflexe : je lis la ligne, j’anticipe le bowl qui va se former, la section qui va fermer, la zone où je dois accélérer. Je prends des décisions en une fraction de seconde. Le freeride m’a appris à garder mon calme lorsqu’il faut s’engager, mais aussi à savoir renoncer quand la ligne n’est pas safe. Cette gestion du risque, très présente en snowboard, m’aide à rester lucide à l’eau, notamment dans les conditions plus puissantes.
Entraînement hors-saison : comment organiser une routine snowboard pour progresser en surf
Lorsque l’hiver arrive et que les conditions de surf ne sont pas au rendez-vous, j’essaie d’organiser mes sessions de snowboard comme un véritable programme d’entraînement hors-saison pour le surf. Je ne me contente pas de descendre les pistes au hasard, je structure ma journée.
Voici une approche que j’utilise fréquemment :
- Échauffement : premières descentes tranquilles, focus sur la posture, la position des pieds, la mobilité des hanches.
- Bloc “carving” : travail des grands virages, engagement des carres, transition fluide d’une carre à l’autre.
- Bloc “manœuvres courtes” : virages plus serrés, variations de rythme, simulation de turns rapides sur une vague creuse.
- Bloc “freestyle léger” : petits ollies, changements de courbe, jouer avec le relief pour travailler coordination et explosivité.
- Fin de session en douceur : glisse fluide, relaxation, sensations de ligne plutôt que performance.
Je complète souvent ces journées avec du renforcement spécifique en fin de journée ou le lendemain : travail de gainage, proprioception, mobilité des chevilles et des hanches. Le but est de construire une base physique qui serve autant pour le surf que pour le snowboard.
Choisir sa station de snowboard quand on est surfeur
Quand je choisis une destination snowboard avec en tête l’idée de progresser en surf, je ne recherche pas forcément la station la plus “tendance”. Je regarde surtout :
- La variété des pentes : pour pouvoir travailler aussi bien les grandes courbes que les virages plus serrés.
- La qualité et la fréquence de l’enneigement : une neige correcte permet de mieux sentir la carre et d’oser plus facilement.
- La présence de zones freeride sécurisées : pour travailler la lecture du terrain.
- Les possibilités de ride en semaine : éviter la foule permet de mieux enchaîner les descentes et de rester concentré sur ses objectifs.
Certains massifs alpins ou pyrénéens se prêtent très bien à ce type de pratique, avec des domaines suffisamment grands pour varier les profils de pistes. Si j’ai le choix, j’essaie de privilégier les stations où l’accès aux pentes naturelles est simple, avec des itinéraires hors-piste encadrés ou facilement repérables, pour rester dans une démarche de progression sans prendre de risques inutiles.
Compléter snowboard et surf par d’autres sports de glisse
Pour tirer un maximum de bénéfices du snowboard sur la progression en surf, j’aime également intégrer d’autres sports de glisse dans mon année. Le but est de créer un écosystème de sensations cohérent, qui tourne autour du rail, de la posture et de la fluidité.
Parmi les sports que je trouve particulièrement complémentaires :
- Surfskate : excellent pour reproduire les mouvements de surf sur le plat, travailler les courbes et les changements de rythme.
- Kitesurf : pour la gestion de la vitesse, l’engagement sur le rail et la lecture du plan d’eau.
- Longboard de descente (en douceur et en sécurité) : pour la stabilité, les grandes courbes et la confiance en glisse à haute vitesse.
Le snowboard reste selon moi la discipline hivernale la plus proche du surf en termes de sensations globales, mais c’est la combinaison de plusieurs sports qui crée une vraie continuité dans la progression.
Adopter un état d’esprit “cross-training” entre surf et snowboard
Ce qui fait réellement la différence, ce n’est pas seulement de pratiquer le snowboard en hiver et le surf en été. C’est la façon dont j’aborde chaque session. Quand je suis sur la neige, je garde en tête des objectifs liés au surf : meilleure utilisation du bas du corps, plus de fluidité, meilleure lecture de la ligne. Quand je retourne à l’eau, je réactive volontairement les sensations travaillées sur la neige : appuis francs, engagement du rail, confiance dans la vitesse.
En entrant dans cette logique de cross-training surf / snowboard, chaque saison devient une opportunité de progresser dans l’autre discipline. Je ne subis plus l’absence de vagues, je l’utilise. La montagne devient alors un prolongement de l’océan, avec la même recherche de ligne parfaite, de glisse fluide et de sensations fortes, mais sous une forme différente.
